Interpellation des listes aux élections européennes par différents collectifs sur des questions liées au devoir de mémoire et réponses de la liste La France insoumise pour les élections européennes 2019.

1) Le projet européen avait pour vocation première de ne plus faire du vieux continent un
champ de bataille. Les traumatismes laissées par la Seconde Guerre Mondiale sont tels que la
volonté des pays européens de s’associer librement dans le cadre de la CECA, de la CEE, puis
de l’UE ne trouve pas d’équivalent historique. C’est cette volonté de construire une Europe de
la paix ainsi qu’une Europe de solidarités entre les peuples, qui ne seront plus pressurés par
les mesures austéritaires, que nous souhaitons mettre en avant. Ainsi, la refondation de
l’Europe dans une voie résolument sociale, démocratique, écologique et populaire sera le
moyen le plus sûr de donner aux Européens les outils nécessaires pour garantir et préserver la
paix. Par exemple, notre programme « l’avenir en commun, en Europe aussi » ; insiste
particulièrement sur les échanges culturels et éducatifs entre les pays européens, afin que nos
jeunes puissent se revendiquer également d’un héritage européen.

2) Les camps d’extermination incarnent physiquement la présence nazie à travers l’Europe. Ils
sont un rappel constant d’un passé proche où l’Europe est tombée dans le gouffre d’une
idéologie barbare et mortifère. Si on enlève cette présence, des pans entiers du souvenir de ces
camps tomberont en désuétude. Il est donc primordial de sanctuariser les camps
d’extermination en les protégeant juridiquement au niveau européen. De même, ces camps,
par l’horreur qu’ils représentent et par leur fonction de repoussoir, doivent continuer à avoir
une vertu éducative face à la barbarie nazie. Faire de la mémoire de la Seconde Guerre
Mondiale un marché reviendra à en couper l’accès pour une partie de la population, ce qui
n’est pas envisageable. Nous croyons fermement que tous les Européens, sans distinction de
classe sociale, de communauté, ou de pays, doivent avoir accès à cette mémoire. Nous nous
opposons donc à toutes tentatives mercantiles.

3) Les résurgences des idéologies d’extrême droite en Europe est un phénomène puissant qui
atteint même les pays que l’on croyait idéologiquement vaccinés de par leur histoire, comme
l’Espagne. Il est directement lié aux politiques austéritaires de l’UE appuyée par l’Allemagne,
dont l’hégémonie est de plus en plus mal acceptée en Europe. Nous sommes donc très
inquiets pour le futur, car cette idéologie mortifère continuera à grossir tant que l’UE ne
changera pas de paradigme. Il convient donc de lutter par tous les aspects, dont le judiciaire,
qui est le pilier d’un État de droit protégeant nos concitoyens. Ainsi, les attaques répétées de
l’extrême droite contre les communautés juives, musulmanes, maghrébines et LGBT doivent
faire l’objet d’une vigilance de tous les instants.

4) Il est honteux de voir, aujourd’hui, que nos pays européens, qui se présentent comme
héritiers des Lumières, soient si frileux dans la lutte contre la glorification du nazisme, du
négationnisme, de l’antisémitisme, de l’incitation à la haine et de l’appel au meurtre à visage
découvert. Lors de notre courrier en date du 14 Avril 2017, nous pointons, déjà, l’abstention
des pays de l’UE sur ce sujet sur la droite ligne des intérêts américains. Cette honte, le mandat
d’Emmanuel Macron ne l’efface pas. Pour autant, le 17 Janvier dernier, le parlement européen
a adopté une résolution appelant les États-membres à identifier et à récupérer les œuvres
d’arts volés aux juifs par les nazis. Il s’agit d’un bon exemple qui montre bien que la lutte
contre les idéologies mortifères ne peut passer que par les instances démocratiques ayant un
rôle de premier plan, et confortée par les citoyens.

5) Les « fake news » sont incontestablement un des grands fléaux de notre société contemporaine. Les partis politiques, au pouvoir ou non, en usent sans vergogne. Cela résulte en une décrédibilisation des canaux d’informations traditionnels, un émiettement de la pensée vers des stéréotypes aseptisés, et in fine, vers un abaissement généralisé du niveau intellectuel de ceux qui utilisent ces procédés médiatiques. Ce sont des écueils qu’un programme éducatif pour une mémoire européenne de la Résistance et de la Déportation doit éviter. En ce sens, le volet éducatif de notre programme européen est particulièrement adapté, puisqu’il promeut une intensification des échanges étudiants et culturels. De même, nous avions précisé, lors de notre précédent courrier en date du 14 Avril 2017, que nous nous engagions à soutenir la mission de transmission de l’éducation nationale au niveau mémoriel. Cet engagement doit être appliqué au niveau européen, en favorisant notamment les rencontres au niveau universitaire et les débats qui en résulteront

6) Comme rappelé lors de notre précédent courrier, Jean-Luc Mélenchon comme de
nombreux insoumis ont adoptés le triangle rouge, symbole du déporté politique dans les
camps nazis. Ce souvenir doit être transmis et perpétué aux prochaines générations sous peine
de voir cet héritage s’émietter devant le renouveau des idéologies mortifères. Notre
conscience de cette nécessité nous fait donc soutenir une journée européenne du Souvenir des
héros et victimes de la déportation, ce qui favorisera d’autant les efforts de transmission
déployées vers les plus jeunes.

7) Les associations impliquées dans le devoir de mémoire concernant les atrocités du régime
nazie sont en première ligne dans le maintien de l’héritage humain et historique que nous ont
laissés nos résistants. Leur combat est aussi le combat de tous ceux qui ne veulent pas voir
l’extrême droite continuer à gagner du terrain au niveau symbolique et idéologique. Nous
sommes donc prêts, en ce sens, à travailler avec toutes les associations et personnes physiques
portant ces combats qui sont aussi les nôtres.